Un projet en copro ? 🏢
Dans un contexte d’incitation à la sobriété et à l’efficacité énergétique, comment faire appliquer les directives aux copropriétés ? Le secteur du bâtiment représente à lui seul 43 % de la consommation énergétique en France, pour 23 % des émissions de gaz à effet de serre (source : ministère de la Transition énergétique).
Le chantier est colossal pour réduire l’impact de tout un secteur sur la consommation d’énergie, ressource plus que jamais précieuse. Récemment, des mesures gouvernementales sont entrées en vigueur pour inciter les propriétaires à amorcer la transition énergétique de leur logement trop gourmand. L’idée est de favoriser les équipements de chauffage à énergie renouvelable, plus économes et moins polluants.
Un changement de chaudière collective en projet ?
Prix du fioul et du gaz : un impact fort en copropriété
L’INFO HELLIO :
Depuis le 1er juillet 2022, les chaudières au fioul ne peuvent plus être installées dans les logements neufs ou anciens. Et depuis janvier 2022, l’installation de chaudières à gaz est interdite dans tous les logements neufs.
La transition énergétique est une nécessité pour respecter les directives données par l’accord de Paris ratifié le 12 décembre 2015. Ce dernier vise à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C, voire 2 °C maximum d’ici la fin du siècle, par rapport à l’ère pré-industrielle.
Les sources de chauffage les plus énergivores et émettrices de gaz à effet de serre (GES), telles que le fioul et le gaz, sont dans le viseur du gouvernement.
La hausse des prix de l’énergie
Dans le contexte du conflit ukrainien, la dépendance de la France pour son approvisionnement en énergie est sur le devant de la scène. La raréfaction des énergies fossiles et les restrictions imposées à la Russie, le principal fournisseur de l’Union européenne, engendrent une hausse des prix sans précédent.
Pour atténuer l’envolée des prix pour les particuliers, y compris pour les petites copropriétés (consommant moins de 150 MWh/an), l'État a mis en place un bouclier tarifaire. Celui-ci a été prolongé en 2023 : la hausse du tarif réglementé du gaz Engie ne sera « que » de 15 % en janvier. Toutes les copropriétés devraient être concernées, comme au premier semestre 2022.
La pollution des énergies fossiles
Le gaz et le fioul sont des énergies fossiles dont la production (extraction, acheminement…) et la combustion génèrent d'importantes quantités de gaz à effet de serre. En 2018, 92 % des émissions de GES dans le secteur résidentiel étaient causées par le gaz et le fioul.
Les différentes réglementations concernant le chauffage collectif, neuf ou existant, se resserrent de plus en plus autour de la sortie des énergies fossiles. Par exemple, la RE2020 interdit, dès 2025, les chauffages au gaz pour les nouvelles copropriétés.
Un mauvais diagnostic de performance énergétique
Dans le diagnostic de performance énergétique (DPE), le mode de chauffage est pris en compte pour attribuer l’étiquette énergétique. Les logements chauffés au gaz ou au fioul sont donc moins bien classés qu’un logement identique chauffé aux énergies renouvelables.
Quelles sont les solutions de chauffage à énergie renouvelable en immeuble collectif ?
Plusieurs alternatives existent pour un mode de chauffage moins polluant, plus économique et utilisant des sources d’énergie renouvelable. Tour d’horizon des solutions plus vertueuses en copropriété.
Le réseau de chaleur
Le réseau de chaleur permet d’alimenter en chauffage et eau chaude sanitaire (ECS) un ensemble de bâtiments, voire un quartier ou une ville, via des canalisations enterrées. Il est alimenté par une ou plusieurs sources de production décentralisées.
L’énergie qui alimente ces réseaux peut provenir, entre autres, d’énergie :
- Renouvelable (géothermie, biomasse…), en plein développement,
- De récupération (issue de la production industrielle ou de la valorisation de l’incinération des ordures ménagères).
Le réseau de chaleur permet, entre autres, de valoriser la chaleur fatale (issue des sites industriels par exemple) et de la réutiliser pour chauffer les bâtiments et l’eau chaude sanitaire. Ce « recyclage » de l’énergie produite, normalement perdue, permet de faire diminuer les émissions de GES. En effet, les bâtiments raccordés n’ont plus besoin d’un mode de chauffage traditionnel émetteur de CO2, comme le gaz naturel.
En plus de l’intérêt de décarbonation, cela représente une économie substantielle pour les usagères et usagers, qui bénéficient de tarifs stables et compétitifs.
LE CHIFFRE HELLIO : 833
En 2020, la France comptait 833 réseaux de chaleur, pour l’alimentation en chauffage d’environ 2,46 millions de logements.
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Le chauffage biomasse
Le chauffage biomasse consiste à utiliser des produits ou déchets de l’environnement forestier. La source de chauffage provient du bois sous forme de sciure, ou de bois déchiqueté, transformé en pellets ou granulés.
Plutôt en vogue pour les maisons individuelles — 32 000 unités en vendues en 2021, soit plus du double de 2020 —, ce mode de chauffage est également adapté en immeuble collectif (sauf interdictions dans certaines zones). En remplaçant une chaudière collective au gaz ou au fioul, ce système permet d’utiliser une énergie renouvelable et bien souvent locale.
De plus, le prix du combustible est relativement stable puisque la filière française est en plein boom. Toutefois, on peut observer une augmentation en 2022, inévitable au vu de la demande croissante et des tarifs de l’énergie qui explosent.
186 000 appartements étaient chauffés au bois en 2021 (Ceren, résidences principales).
La pompe à chaleur : air/eau, géothermique ou air/air
Une pompe à chaleur (PAC) capte les calories présentes dans son environnement pour les diffuser dans un logement ou un bâtiment. Selon les types de PAC, le captage a lieu dans le sol, la nappe phréatique ou l’air environnant :
L’ASTUCE HELLIO :
Certaines pompes à chaleur permettent d’assurer un refroidissement de l’air, particulièrement utile en été. La PAC est un investissement qui accroît le confort toute l’année !
- La PAC air/eau est particulièrement adaptée aux copropriétés, puisqu’elle capte les calories de l'air extérieur et les réinjecte dans le circuit d’eau d’un chauffage collectif.
- La PAC géothermique est préconisée en construction d’un bâtiment neuf. En effet, elle puise la chaleur dans le sol, il est donc préférable de prévoir son installation à la conception du bâtiment.
- La PAC air/air est aussi bien adaptée au collectif qu’à l’individuel. Elle capte la chaleur dans l’air extérieur et la diffuse via le réseau de ventilation.
Quel que soit le type de PAC, il s’agit d’une manière économique et écologique de produire du chauffage et de l’eau chaude sanitaire, à partir du moment où l’appareil est correctement dimensionné.
Quelles sont les aides financières pour les copropriétés ?
Pour inciter les ménages et les copropriétés à la transition écologique, de nombreuses aides financières ont été mises en place par le gouvernement.
Les certificats d’économies d’énergie (CEE)
Les certificats d’économies d’énergie (CEE) sont financés par les fournisseurs d’énergie sur le principe du pollueur-payeur. Le montant de la prime, variable selon les travaux envisagés, est mobilisable pour l’habitat collectif.
L’ensemble des travaux éligibles à ces CEE est répertorié sur le catalogue des opérations standardisées d’économies d’énergie. En font partie :
- Le raccordement à un réseau de chaleur,
- L’installation d’une chaudière biomasse collective,
- L’installation d’une PAC.
Le Coup de pouce Chauffage
Au sein du dispositif CEE, certaines opérations font l’objet d’un « Coup de pouce ». Objectif : accélérer la réalisation de travaux jugés prioritaires sur une période donnée, en bonifiant la somme reçue. Depuis le 1er septembre 2022, il existe un Coup de pouce « Chauffage des bâtiments tertiaires et résidentiels collectifs ».
Il s’agit d’une prime pour remplacer un vieux système de chauffage :
- Au fioul,
- Au charbon,
- Au gaz autre qu’à condensation.
À la place, la copropriété peut se raccorder à un réseau de chaleur vertueux, c’est-à-dire alimenté majoritairement par des énergies renouvelables et de récupération. En cas d’impossibilité technique ou économique, d’autres matériels peuvent convenir : pompe à chaleur collective ou chaudière à granulés collective.
L’installation d’un chauffage renouvelable peut aussi être intégré à un chantier de rénovation globale, éligible au Coup de pouce Rénovation performante d’un bâtiment résidentiel collectif.
MaPrimeRénov’Copro
Le changement du mode de chauffage en copropriété est éligible à l’aide financière MaPrimeRénov’, sous réserve que cela fasse partie d’un projet de rénovation globale. En effet, le gain énergétique doit atteindre 35 % au minimum, ce qui est peu probable en changeant simplement de chaudière. Il faut souvent ajouter une isolation par l’extérieur, et poser de double vitrage par exemple.
MaPrimeRénov’ permet une prise en charge de 75 % du coût des travaux avec un plafonnement à 18 750 € par logement depuis le 1er janvier 2024, (contre 6 250 € anciennement).
Cette aide comprend notamment des bonus et primes supplémentaires :
- De sortie de passoire thermique : + 10 % du coût des travaux
- Pour les copropriétés fragiles ou en difficultés : + 20 % des travaux
Une autre aide individuelle et complémentaire est destinée aux ménages les plus modestes (selon les plafonds de l’Anah) :
- 1 500 € pour les foyers modestes, depuis le 1er février 2023 (contre 750 € auparavant) ;
- 3 000 € pour les foyers précaires, depuis le 1er février 2023 (contre 1 500 € auparavant).
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